vendredi 30 septembre 2011

« On ne dit pas « måssîs » parents »

HEURE-LE-ROMAIN - Activité pour enfants

Humeur et émotion quand on parle wallon… Sa pratique ludique aux ateliers de Nicole Gouvars va conduire vos enfants à interpréter sur scène des sketches originaux en wallon. Ecris et décorés par eux-mêmes !

Nicole Gouvars : Si les enfants ont envie de chanter, les chansons seront retraduites en wallon ; s’ils ont envie de créer eux-mêmes des sketches ou des histoires via les marionnettes, je retraduirai le maximum.

Comment vous faites pour retraduire ?
Ce sont mes origines. Mes parents avaient un commerce où toutes les personnes âgées du village parlaient wallon. Et je l’ai toujours entendu parler en famille. Puis j’ai joué dix ans au théâtre comme comédienne amateure, avec la troupe locale des Spitants Romanoriens.


Avec les enfants qui jouent entre eux, comment allez-vous intégrer le wallon ?
ça se fait tout seul, les enfants sont très demandeurs. Je suis intervenue récemment dans un stage de marionnettes à Oupeye. Chaque jour une heure pour introduire le wallon. Le vendredi, les parents venus voir le spectacle ont été sciés ! Il y avait énormément de longues phrases en wallon !

D’une génération à l’autre, est-ce que les enfants d’aujourd’hui connaissent déjà quelques mots de ou commencent-ils de zéro, car c’est quand même une langue morte…
Ils connaissent tous des mots de wallon, des injures évidemment !

«  måssîs djones » !... Et « måssîs parents », comment on dit ça ?
Non, on ne dit pas ça « måssîs parents ». Il y a « tièsse di bwès», quelqu’un de têtu. Le traditionnel « Clô t'gueûye »… « Oufti »…

D’où vous vient cette idée d’organiser une activité hebdomadaire en wallon pour enfants?
J’adore la scène et quand j’ai vu la réaction des enfants à ce stage théâtre… ! Ils en redemandaient ! Je donne aussi cours de wallon pour les +55 ans et prochainement dans des classes de maternelle et primaire, lors du bricolage le vendredi.


Ici, les livres sont surtout en français…
Vous savez qu’en wallon, il n’y a pratiquement aucune consonne double. Pomme va s’écrire « Pome ». Ici la pratique sera uniquement orale.

D’où vous vient cette passion pour cette langue?
Tout est revenu du théâtre ! Jean Radoux, bien que très malade, avait recréé une troupe dans le village il y a une douzaine d’années. Nous étions neuf novices.

Un petit message en wallon pour inviter les enfants à rejoindre votre atelier.
Mon dieu, non, je vais tchoûler ! Je suis très émotive !

Dès qu’on parle wallon !?
J’aimerais vraiment bien pouvoir faire quelque chose d’extraordinaire avec les enfants. Les faire tous pleurer, tellement les sketchs qu’ils font faire, ce sera…[coupée par son émotion]

Je vous vois, mais c’est incroyable !! La larme à l’œil, Nicole !


Interview et photos © Lili Sygta

Infos pratiques:

Ateliers en wallon @ « Une Clé Un Bonheur »
Rue de la Crayère 58 B à 4682 Heure-le-Romain
Les samedis d’octobre et novembre 2011 de 10 à 11h30
Contact 0496 663 500

samedi 17 septembre 2011

« J'ai un faible pour Thomas Gunzig »

HEURE-LE-ROMAIN, BE - Interview Humour Local

David Schiepers, comédien d'Heure-le-Romain (Basse-Meuse).

Vous avez un look un peu effrayant, là, avec votre pull brun, col roulé, manches longues…
Ah le personnage du spectacle « The New Testament » ! C'est un curé, donc pas hyper réjouissant au départ !

Vous vous êtes fait mal à la main, je vois…
Ah ah ! En fait, le curé se rend compte que plus personne ne va à l'église ; mais il éloigne les fidèles... Et la blessure à la main c'est parce qu'il a essayé la crucifixion. Si à l'église on avait de la cruauté, du scandaleux, du nu, les gens viendraient en masse !

Une main blessée et dans l'autre main vous tenez une chope ; c'est pour qu'on y verse de la bière ?
Non, c'est pour récolter de l'argent, pour refinancer son fameux projet. A Avignon, à des soirées, 21 € de collecte, sympa !

« The New Testament », pourquoi ce titre en anglais alors que le spectacle est en français ?
C'est la sonorité, la manière de le dire. A l'américaine : « DE NIOUW TESS-TAY-MEHNT ». Quand le pape va en Angleterre, y a des concerts, il faut payer 30 € pour voir le pape.

Et vous êtes allé à ce genre d'événement ?
Non, du tout. Mais à Avignon j'ai rencontré le responsable de communication du diocèse et on s'est lié d'amitié. Il disait que c'était très intelligent, que je posais les vraies questions.

Vous avez rencontré quelqu'un du diocèse… ?
Oui à Avignon, le responsable de la communication, M. Rousseau, qui travaille maintenant à Radio Catholique de France.

Avignon est lié aux catholiques ?
Non, mais cette année-là il y avait pas mal de spectacles sur la religion. Du coup le diocèse a voulu rencontrer les artistes. Ils sont venus voir mon spectacle. Lui a rigolé, on a bu quelques verres ensemble. Lui-même m'a invité après sur RCF pour expliquer ma position, parce qu'elle est juste ; je ne dis que des vérités ; je ne fais pas du clownesque, c'est un vrai texte de fond.

Vous avez choisi ce thème assez osé pour provoquer ou c'est en liaison avec une éducation catholique que vous auriez eue ?
Je n'ai pas eu une éducation hyper catholique. Par contre y a des images qui m'ont marqué. Le personnage est né lors d'un stage à l'académie d'été de Neufchâteau. Où je suivais les cours de Jean Lambert et Bruno Belvaux ; le frère de Rémy Belvaux « C'est Arrivé Près de Chez Vous », des repères voilà…

Ah je croyais qu'il s'agissait de Bruno Delvaux, le recteur de l'UCL !
Non, c'est Bruno Belvaux, metteur en scène et écrivain depuis des années ; c'est le frère de Rémy et Lucas Belvaux, plus connus quoi.

Vous avez participé à la « Semaine Infernale » sur La Première avec Véronique Thyberghien il y a un an, comment ça s'est passé ?
Très chouette expérience ; maintenant... on tombe face à des dinosaures de l'humour et de la répartie… j'étais en observation pas mal de temps !

Vous avez pu rigoler avec Miam Monster Miam ?
Lui je l'ai trouvé moins drôle…

Oh il est drôle !!
Oui, mais j'ai un petit faible pour Thomas Gunzig qui était là-bas. Après, ça dépend des journées. C'est vrai que Miam fait les trucs les plus marrants, mais ce jour-là pas tant efficaces…

Quels sont les gens ou les événements à Heure-le-Romain qui vous font rire ?
Y a un repère à Heure-le-Romain, c'est chez Thérèse à la librairie [« Au Nid »]. Elle est extrêmement gentille et d'ailleurs a fait pas mal de montages couture pour mes spectacles. Je passe par elle pour confectionner mes accessoires de théâtre. Depuis que je suis tout petit, ça n'a pas changé là-bas, c'est terrible ! Même comptoir, même trucs, et Thérèse n'a pas changé non plus !

C'est là que vous alliez acheter vos cadeaux de Noël quand vous étiez enfant ?
J'allais chercher des chiques ! Maintenant j'y vais avec ma fille, c'est marrant !

Humoristes romanhoriens: Samuel Tits et David Schiepers © Jean-Pierre Stassart

Une interview de Lili Sygta

mardi 6 septembre 2011

« Il y a des graffitis à vous au Standard de Liège »

Interview Hip Hop

Tout en sobriété aux Francofolies de Spa, Kaer (Starflam) jette son pont musical entre Belgique et Amérique du Sud.

Les gens pensent que vous êtes colombien…
DJ Mig One est d’origine colombienne et moi équatorienne. Dans notre musique, il y a un peu de Colombie, d’Equateur, beaucoup de Belgique et de sonorités nouvelles mélangées avec du hip hop.

Vous avez été en Equateur…
Pour écrire et enregistrer une grosse partie de l’album, à mixer ensuite à Liège au Chénée Palace. C’était le moment de replonger dans mes racines.

C’est la première fois que vous y allez de manière professionnelle ?
En 2004, j’ai été invité à un festival là-bas, et ça m’a permis d’être connecté avec la scène hip hop alors émergente. Ensuite, j’y suis retourné régulièrement pour des collaborations et des concerts. L’album « Versatil » est inspiré de tous ces voyages et rencontres musicales. Notamment avec Sudakaya, qui est un groupe de musique urbaine mélangée avec des sonorités traditionnelles comme la cumbia, la salsa ou des musiques plus andines.

Vous connaissez tous les rappeurs équatoriens maintenant ? Ceux de votre clip sont les stars locales ?
C’est le groupe Sudakaya qui a joué pas mal sur l’album. Ce clip s’appelle « Mi Tierra ».

Et on parle aussi de « Lieja es mi tierra » !
Exactement ! Liège, c’est ma base.

Ils connaissent Liège, là-bas ?
Avec moi, ils l’ont appris ! Notamment Guanaco, le MC de Sudakaya. Il était en Espagne et je l’ai fait venir à Liège à un festival organisé par ma structure « Spray Can Arts ». Il s’est très bien amusé ! Comme on sait bien le faire à Liège !


Dans votre clip, vous êtes habillé en footballeur à t-shirt rouge, en référence au Standard ?
Le concept tournait autour d’une bande de musiciens qui vont jouer au foot. Parce que le foot est très présent dans tous les villages et les villes. C’est le fil conducteur du clip. Et j’ai imposé le rouge comme couleur ; pour représenter Liège, c’est clair, quoi !

Il y a des graffitis à vous dans une tribune du Standard de Liège.
Exactement, un travail graphique lié avec les « Ultras-Inferno '96 », un groupe d’animation de la tribune T3. J’ai aussi travaillé pour le merchandising et réalisé un graf devant le Standard, un gros marquage comme ça ! ça lie la passion pour le foot et celle pour la peinture. Mon art est représenté dans une dynamique positive et dans un lieu mythique comme le stade de Sclessin !




Votre rêve de gosse, c’était?
De faire de la musique, à ma manière. C’est très dur d’arriver à en vivre, il faut combiner plusieurs plans pour rester vraiment dans la musique. Et là, j’ai pas lâché et j’essaye de prouver à tout le monde que je fais bien de m’accrocher à ce rêve.

Votre but, c’est de garder votre âme d’enfant tout en affichant une certaine maturité, puisque vous faites des choses constructives : des stages avec des adolescents, pour le rap, le slam, le graffiti ! … Mais vous ne dansez pas, hein !
Non, ch’suis trop grand… malheureusement !

Vous recevez parfois des stagiaires desquels vous vous dites « Ouh là là qu’est-ce qu’il vient faire ici » ? Des gens plus âgés, par exemple…
Figure-toi que non ! J’ai fait des formations pour adultes musiciens et c’est vachement enrichissant pour eux de comprendre la logique du rap, dans le phrasé, la musicalité des mots etc. et surtout dans l’énergie, quoi. Et je travaille aussi avec des tout-petits ; ils se découvrent dans le rythme et l’écoute.

Le rap a des vertus éducationnelles !
Oui, tu te retrouves à faire du français, de la grammaire sans t’en rendre compte! Finalement, c'est un moyen ludique de travailler quelque chose qu’à l’école on n’aime pas. La jeunesse d'aujourd'hui manque vraiment de motivation. Donc si je peux rallumer une petite flamme,  souffler sur les braises pour leur en donner, moi je suis content !

Interview et photos © Lili Sygta