mardi 6 septembre 2011

« Il y a des graffitis à vous au Standard de Liège »

Interview Hip Hop

Tout en sobriété aux Francofolies de Spa, Kaer (Starflam) jette son pont musical entre Belgique et Amérique du Sud.

Les gens pensent que vous êtes colombien…
DJ Mig One est d’origine colombienne et moi équatorienne. Dans notre musique, il y a un peu de Colombie, d’Equateur, beaucoup de Belgique et de sonorités nouvelles mélangées avec du hip hop.

Vous avez été en Equateur…
Pour écrire et enregistrer une grosse partie de l’album, à mixer ensuite à Liège au Chénée Palace. C’était le moment de replonger dans mes racines.

C’est la première fois que vous y allez de manière professionnelle ?
En 2004, j’ai été invité à un festival là-bas, et ça m’a permis d’être connecté avec la scène hip hop alors émergente. Ensuite, j’y suis retourné régulièrement pour des collaborations et des concerts. L’album « Versatil » est inspiré de tous ces voyages et rencontres musicales. Notamment avec Sudakaya, qui est un groupe de musique urbaine mélangée avec des sonorités traditionnelles comme la cumbia, la salsa ou des musiques plus andines.

Vous connaissez tous les rappeurs équatoriens maintenant ? Ceux de votre clip sont les stars locales ?
C’est le groupe Sudakaya qui a joué pas mal sur l’album. Ce clip s’appelle « Mi Tierra ».

Et on parle aussi de « Lieja es mi tierra » !
Exactement ! Liège, c’est ma base.

Ils connaissent Liège, là-bas ?
Avec moi, ils l’ont appris ! Notamment Guanaco, le MC de Sudakaya. Il était en Espagne et je l’ai fait venir à Liège à un festival organisé par ma structure « Spray Can Arts ». Il s’est très bien amusé ! Comme on sait bien le faire à Liège !


Dans votre clip, vous êtes habillé en footballeur à t-shirt rouge, en référence au Standard ?
Le concept tournait autour d’une bande de musiciens qui vont jouer au foot. Parce que le foot est très présent dans tous les villages et les villes. C’est le fil conducteur du clip. Et j’ai imposé le rouge comme couleur ; pour représenter Liège, c’est clair, quoi !

Il y a des graffitis à vous dans une tribune du Standard de Liège.
Exactement, un travail graphique lié avec les « Ultras-Inferno '96 », un groupe d’animation de la tribune T3. J’ai aussi travaillé pour le merchandising et réalisé un graf devant le Standard, un gros marquage comme ça ! ça lie la passion pour le foot et celle pour la peinture. Mon art est représenté dans une dynamique positive et dans un lieu mythique comme le stade de Sclessin !




Votre rêve de gosse, c’était?
De faire de la musique, à ma manière. C’est très dur d’arriver à en vivre, il faut combiner plusieurs plans pour rester vraiment dans la musique. Et là, j’ai pas lâché et j’essaye de prouver à tout le monde que je fais bien de m’accrocher à ce rêve.

Votre but, c’est de garder votre âme d’enfant tout en affichant une certaine maturité, puisque vous faites des choses constructives : des stages avec des adolescents, pour le rap, le slam, le graffiti ! … Mais vous ne dansez pas, hein !
Non, ch’suis trop grand… malheureusement !

Vous recevez parfois des stagiaires desquels vous vous dites « Ouh là là qu’est-ce qu’il vient faire ici » ? Des gens plus âgés, par exemple…
Figure-toi que non ! J’ai fait des formations pour adultes musiciens et c’est vachement enrichissant pour eux de comprendre la logique du rap, dans le phrasé, la musicalité des mots etc. et surtout dans l’énergie, quoi. Et je travaille aussi avec des tout-petits ; ils se découvrent dans le rythme et l’écoute.

Le rap a des vertus éducationnelles !
Oui, tu te retrouves à faire du français, de la grammaire sans t’en rendre compte! Finalement, c'est un moyen ludique de travailler quelque chose qu’à l’école on n’aime pas. La jeunesse d'aujourd'hui manque vraiment de motivation. Donc si je peux rallumer une petite flamme,  souffler sur les braises pour leur en donner, moi je suis content !

Interview et photos © Lili Sygta

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