mardi 25 novembre 2014

« à chacun son folklore ! »

7e édition des Highland Games à Oupeye - Rencontre avec des membres de l'asbl Oupeye En Fête.

Jean-François Delvaux


Jean-François Delvaux: Les gens sont venus nombreux, en masse, au bar ça ne désemplit pas ! Les jeux écossais ont un franc succès, nous avons une dizaine d'équipes inscrites. Et d'année en année les gens reviennent, donc je pense que c'est parce qu'ils sont complètement satisfaits.




La fête à Oupeye, ça consiste en quoi ? Il y a quelques attractions pour les enfants, la pêche aux canards, le tir au fusil, la bonne vieille friterie...
Laurent Respen: C'est surtout une fête avec deux activités phares. Le vendredi soir un tribute festival avec des groupes de reprises de célébrités ; et le samedi après-midi les Highland Games qui sont uniques en Wallonie et que nous sommes les seuls à proposer dans la région. Ils permettent à des gens de s'affronter dans des épreuves écossaises.
Jérôme Coksay: Depuis sept ans, chaque année le Team Madness vient d'Anvers et assure l'organisation de ces épreuves.
Laurent Respen: C'est notre sous-traitant, pour l'entiereté de l'animation, le comptage des points. Tout ce que nous avons à faire est donner à boire aux personnes qui viennent voir et aux participants ; et nous remettons les prix à l'issue de la compétition.

Est-ce qu'il y a des variantes liégeoises apportées à ces épreuves ?
Laurent Respen: Absolument pas. C'est typiquement les épreuves pratiquées en Ecosse qui sont reproduites ici. Pas de particularité liégeoise, sauf qu'évidemment tous les compétiteurs sont gonflés à bloc avec de la Jupiler !

La fête à Oupeye, c'est aussi les tambours le dimanche matin.
Laurent Respen: Réveil aux tambours, le dimanche à partir de 7h du matin ; cette année-ci on commence un peu plus tard parce que c'est difficile et on vieillit depuis la première édition. On part d'ici avec les tambours de Haccourt pour quatre haltes dans le village, puis revenir au chapiteau, manger la fricassée tous ensemble, et passer un bon moment, boire du peket.

Vous vieillissez !? Mais vous n'avez que 30 ans, Laurent !
Laurent Respen: Mais on ne récupère plus à 30 ans comme à 25 ! On est aussi de moins en moins nombreux dans le comité. On était quinze au début, nous ne sommes plus que sept, je profite pour lancer un appel à toutes les personnes intéressées à rejoindre le comité pour nous aider à préparer les prochaines activités.


Laurent Respen et Jérôme Coksay    © Jean-Luc Paquot

Laurent Respen: On a de moins en moins de membres parce que ça demande beaucoup de travail. Clairement, être dans le comité veut dire aussi parfois faire l'impasse sur la fête et travailler. Beaucoup nous ont quitté pour cette raison-là, d'autres aussi pour des raisons de déménagement, d'arrivée d'enfant, toutes sortes d'excuses !
Jérôme Coksay: Ces personnes ne souhaitent plus s'impliquer à 100% mais sont toujours disponibles pour venir nous aider au bar. Finalement, on parvient à se débrouiller, parce que la main d'oeuvre bénévole est présente sur la fête.


Ambiance conjointe avec le Nessie Pipe Band et le Caber Feidh Pipe Band 


Il y a des cramignons dans les villages avoisinants, pourquoi pas à Oupeye ?
Jérôme Coksay: Ici on a décidé de jouer sur la tradition du tambour, donc on n'envisage pas de remplacer le réveil aux tambours.

Il y en a qui font les deux, cramignons et réveil aux tambours!
Laurent Respen: C'est clairement pas notre volonté. Le cramignon existe depuis des centaines d'années dans les autres villages. J'ai envie de dire un petit peu : « à chacun son folklore ! ». Nous on a souhaité installer le folklore écossais en mettant les Highland Games sur pied et on a décidé de continuer sur cette voie-là et de ne pas se lancer dans le cramignon.


Reportage et photos © Lili Sygta


Ecoutez notre reportage sonore ici

mardi 26 août 2014

« tous ensemble et soyez des nôtres ! »

Cramignons à Devant Le Pont (BE-4600) - Rencontre avec Joël Linotte du Comité des Fêtes


© David Monseur

« Devant Le Pont, c'est un p'tit coin de paradis situé juste à côté de Visé, entre la Meuse et le canal [Albert], c'est vraiment la Basse-Meuse. Il est délimité par le pont des Allemands construit pendant la [seconde] guerre par les Allemands pour les convois de chemin de fer. On a le port de plaisance qui accueille de magnifiques bateaux et s'agrandit d'année en année.

Visé, port de plaisance et cité de l'oie

« On termine la dernière halte dans le chapiteau, une remise des prix, quelques remerciements, puis la fête continue avec un orchestre d'une grande renommée... tous ensemble et soyez des nôtres ! Le cramignon compte cette année une douzaine d'enfants d'une dizaine d'années et une vingtaine de couples alimentés par le Comité de Devant le Pont et les comités avoisinants qui sont venus nous renforcer pour nous épauler.

L'Harmonie Sainte-Barbe de Warsage 

Pour rejoindre les cramignons, quelle procédure administrative faut-il suivre?
On s'inscrit par email ou par téléphone. De toute façon on peut venir se présenter le jour-même, même dix minutes avant l'heure, on s'inscrit et on est tous les bienvenus !

Toujours le souci des femmes seules qui aimeraient bien porter une belle robe et qui ne trouvent pas de cavalier, vous réglez cela aussi !
Oui et en plus, je propose pour 2015 à au moins cent filles de venir seules ! J'en mettrai cinquante à ma droite et cinquante à ma gauche !


Joël Linotte (en noeud papillon) défile avec le cramignon dans les rues du village

Interviews et photos © Lili Sygta 2014

Ecoutez notre reportage audio ici:







samedi 29 mars 2014

« ce n'est pas grave, ça fera rire tout le monde »


La dramatique d'Heure-le-Romain, "Lès Spitants Romanorièns" interprète des comédies traduites en wallon liégeois, au grand plaisir du public toujours nombreux.



Christian Laixhay (Gonzague) et Monique Moureau (Laurent/Laurence)

Jean-Marie Navette: Laurence est un garçon devenu femme; Gonzague est son mari anglais.

C'est un Anglais qui parle wallon ?
Jean-Marie Navette: Ça arrive souvent dans les pièces en wallon ! (rires) Quand il y a un Anglais, il parle wallon et pas anglais, parce que les gens ne comprendraient pas !

Et vous croyez que les gens comprennent le wallon ?
Jean-Marie Navette: Ah oui, ici à Heure-le-Romain, oui !

Comment fait-on croire qu'il est anglais alors ?
Jean-Marie Navette : Avec l'accent ! Mais il ne l'a pas, pas toujours.

Il va l'avoir lors de la pièce ?
Jean-Marie Navette : A certaines occasions il le reprend facilement.
Christian Laixhay : J'ai marié une wallonne, donc je parle wallon à la façon anglaise. Je djâse wallon sans faute, mais avec l'accent anglais c'est très spécial.. ne pas rouler les r... Il faut que j'y pense ! Tout le temps j'oublie que je suis anglais ! (rire)

Pourquoi Gonzague est-il anglais ?
Monique Moureau: Pour avoir des rôles de composition, faire un peu BCBG. Il n'aime pas l'endroit parce que c'est vieux ; c'est le choix de l'auteur.
Christian Laixhay (dans son rôle) : C'est à dire que je suis d'un autre milieu, puisque je suis english!

Il y a des classes populaires en Angleterre !
Christian Laixhay (dans son rôle) : Je ne suis pas habitué aux camps des scouts, j'aime autant l'hôtel. Je suis responsable des communications pour les ambassades de Belgique en Europe, donc vous comprenez ça ?

Votre lien avec le wallon ?
Jean-Marie Navette: C'est ma langue maternelle, mais j'apprends toujours des mots qu'on utilisait pas à la maison. C'était un langage ordinaire qu'on utilisait nous autres. Par exemple « fé 'ne prandjîre », ça veut dire « faire la sieste », je ne connaissais pas ce mot ! (rires)

S'il n'y avait pas les Spitants Romanorièns, vous ne vous seriez pas mise au théâtre ?
Monique Moureau: C'est un hasard avec Jean Radoux, habitant d'Heure-le-Romain qui jouait au Troca; à sa pension il a voulu créer une troupe.

Le fait de jouer devant des gens qu'on connaît très bien ?
Elisabeth Tilkin: Si on a un trou, ce n'est pas grave, ça fera rire tout le monde !
Monique Moureau: Quand on sent le public déjà rire aux premières phrases, c'est « ouf, ça va ! »... on est beaucoup plus à l'aise !

Et les premières années, il y avait autant de public que maintenant ?
Léonce Delvenne : Oh oui ! Ils ont joué leur première pièce en avril 2001. Jean Radoux est revenu dans le village en 2000, il a voulu reformer une troupe. Il jouait avec mon papa il y a 50 ans d'ici. Il m'a demandé de l'assister en coulisses avec les sonnettes; je préparais les chapeaux et les lunettes. Puis j'ai soufflé, puis j'ai joué, et quand Jean Radoux est décédé on m'a demandé de continuer.

Jean-Marie Navette, Daniel et Gwenaëlle Rademackers sur scène


A votre façon de parler sur scène, comment y apporter de la finesse ? 
Elisabeth Tilkin: On reçoit l'avis d'un conseiller technique qui est ici Pierre Habets.
Monique Moureau: Il ne faut pas laisser tomber la voix à la fin de la phrase. Jouer comme si on était chez nous ; rester le plus naturel possible suivant la réplique !

Comment faites-vous pour contrer les acteurs qui forcent tout le temps leur voix dans la même dynamique ?
Pierre HabetsÇa dépend le rôle et la capacité de la personne. On explique la respiration par le ventre, le diaphragme qui travaille; faire passer la voix dans le palais au lieu de la gorge...

Une spécificité ou une façon de se tenir qui font plus « wallon »?
Pierre Habets : Non, c'est la même chose en wallon ou en français. Il fut une certaine époque, on parlait de « théâtre wallon » , moi j'appelle ça le « théâtre en wallon ». Les règles de mise en scène sont les mêmes. Y aurait toute une théorie à faire ! Si ça peut vous intéresser, je peux vous envoyer un travail que j'ai fait là-dessus.
Léonce Delvenne: Il a écrit un fameux article dans le Bulletin Wallon... (plus d'infos ici)

Vous êtes envoyé par la Province de Liège...
Pierre Habets : Je suis un des metteurs en scène du Trianon et la Province m'envoie par-ci par-là pour corriger les petits défauts de mise en scène, travailler les personnages, changer un déplacement, donner parfois des conseils de décoration, de musiques, fonds et bruitages.

Qu'est-ce que la Province y gagne ?
Pierre Habets: C'est l'aide qu'elle veut donner aux troupes amateures. Il y a les conseillers pour le français, et ceux pour le wallon.

Léonce Delvenne: Un conseiller technique est fort utile pour fignoler !

Pierre Habets: Et c'est toi qui imagines le décor..

Léonce Delvenne: Ah oui, mais toute l'équipe participe ici. Ce sont les hommes de la troupe qui montent les panneaux et les portes. Et Jean-Claude Lieutenant vient peindre, tapisser, mettre sa note de couleur. Je fais une ébauche du plan de scène, avec les portes, tables, chaises. Mon mari qui est architecte me le dessine à l'échelle.

Pierre Habets:Dans une troupe amateur, on vient pour s'amuser, se retrouver ; mais cela n'empêche pas de faire du bon travail ! Au Trianon, avec des semi-professionnels, on ne fait que 5 répétitions ; on commence le lundi pour jouer le samedi. Donc quand les acteurs arrivent c'est texte connu, avec souffleur. Là c'est normal qu'on soit plus sévère, on ne vient pas vraiment pour s'amuser !

Léonce Delvenne: Ici pour les Spitants, deux mois de répétitions deux fois par semaine et tous les jours la dernière semaine.


La note de couleur de Jean-Claude Lieutenant

Pierre Habets: Jean Radoux et moi avons joué ensemble. Et Léonce a suivi un stage de mise en scène que j'animais.

Léonce Delvenne: Avant ça j'avais suivi des cours de théâtre en wallon rue Surlet. Ils nous faisaient écrire des textes et jouer. J'ai été fort surprise par René Brialmont ; cet homme-là m'a fait un effet terrible ! Je lui aurais mis une auréole, moi ! Quand je revenais de là le soir, j'étais... ! Oh ! On devait écrire une scène à partir d'éléments de décor. Je vais sur l'estrade et je raconte mon histoire.. Et alors il dit « donne un coup de pied dans la poubelle »... vraiment il animait la scène... !



Interviews et photos © Lili Sygta 2014

jeudi 27 mars 2014

« L'effort qu'ils font pour revenir, c'est ça le plus beau »

Mario Fryns est colombophile à Heure-le-Romain.


« Soigner ses pigeons, les amener au local où ils seront acheminés à un endroit pour être lâchés. Le colombophile attend alors qu'ils reviennent... L'effort qu'ils font de revenir, c'est ça le plus beau ! D'un point de lâcher qu'ils ne connaissent pas, ils se retrouvent à la maison ! 

Si à une compétition il y a 1000 pigeons, tous sont lâchés ensemble, puis ils se dispersent pour retrouver leur colombier. Sur la distance, il y en a qui suivent un groupe et d'autres qui sont motivés pour rentrer, se détachent et deviennent les premiers. »





Et le pigeon qui revient en retard, saoul ?
Ils ont une chance ou deux, après si ça ne va pas...

Y en a pas qui traînent au café !?
Non, pas du tout... Ceux qui traînent au café sont à la casserole !

Le colombier est fermé quand ils reviennent ?
Il y a une fenêtre ouverte, ils se posent et sont constatés, et c'est l'heure d'arrivée qui compte. Ils savent rentrer mais pas ressortir.

Quand vous lâchez vos pigeons, combien de temps prennent-ils avant de revenir ?
Ça dépend du trajet, du vent, de la clarté. Brumeux on ne peut pas les lâcher parce qu'ils ne retrouvent pas leur chemin, ou difficilement. On commence à les lâcher à 60 km et ça va jusque 1075 km. On les amène au local, qui les achemine au point de départ. A une telle heure on les lâche. S'ils ont le vent avec eux, ils vont plus vite ; s'ils ont le vent contre eux, c'est plus lent. Avec des pigeonneaux on commence petit à petit, je vais les lâcher deux-trois fois puis ça part avec la société ; on augmente de 60-70 km à chaque fois.

Ils doivent absolument revenir ici ?
Oui, chez le colombophile. On calcule leur heure d'arrivée à la maison; des fois il y en a qui ne reviennent pas, ils se perdent.

A 1000 km, comment savent-ils le chemin, puisque qu'à l'aller ils sont dans des camions couverts ?
L'instinct ; on dirait qu'ils ont une boussole dans leur tête, oui c'est fou ! Ils ont un tout petit cerveau, mais plus malin que nous..

Quelle est leur motivation à revenir dans le colombier ?
Ça doit être l'amour du pigeonnier, de son odeur, parce que si je déplace le pigeonnier, ils vont aller dans le pigeonnier et pas là où il était. Pendant la guerre les colombophiles transportaient leurs pigeons d'un coin à l'autre en roulottes. Comme ils avançaient ou reculaient, ils prenaient des pigeons pour annoncer leur position et l'avancement du programme.

Et l'histoire du pigeon amoureux et de la femelle qui l'attend ?
C'est pour les motiver un peu, chez certains ça fonctionne. Il faut trouver ce qui leur plaît, mais ils sont fidèles.

Une alimentation spéciale ?
On donne des vitamines, on les soigne comme un sportif. Mais cortisone, non. Si je commence avec ça, j'arrête ! D'ailleurs on fait des prélèvements pour celui-là qui les drogue, hein !



La Belgique est connue mondialement pour la colombophilie, c'est d'ailleurs ici que se situe le siège de la Fédération Colombophile Internationale. Pourquoi la Belgique ?
Il me semble qu'il y a les meilleurs pigeons ici et on est des passionnés. Peut-être parce qu'on fait plus de recherches dans les croisements, on essaye d'améliorer. Les croisements c'est la clé. La qualité des pigeons, c'est le producteur qui la fait ; la passion c'est chercher, trouver meilleur qu'un autre !

Il y a 33 000 membres colombophiles (822 clubs) en Belgique, la moitié d'il y a dix ans. Comment expliquer ce recul ?
Les jeunes ne reprennent pas, ils sortent davantage ; nous on est à la maison à s'occuper de nos bêtes. Les jeunes c'est plus pour sortir et s'amuser. Y en a beaucoup qui prennent le football et tout ça ; la colombophilie revient cher !

Entre colombophiles, quels sont les sujets de conversation ?
(rires) On parle des races et tout ça. « Celui-ci a des bonnes souches, celui-là pas... ». On fait des ventes. Y a des sortes de pigeons qui vont plus vite et c'est par rapport à cela que l'on trie.

En lui donnant beaucoup d'amour, un pigeon un peu lent peut-il devenir un champion ?
Même le meilleur colombophile ne saurait dire s'il a de bons pigeons. Il doit trier par rapport aux constations qu'il fait. Ce ne serait pas agréable si on sait qu'une telle sorte n'aurait que des champions. On essaye d'avoir un meilleur que l'autre ! Les croisements entre races : soit ça va mieux, soit ça ne va pas.

Si on arrivait à en faire une science parfaite...
... ça n'irait plus !

Vous croisez telle race avec une autre pour voir ou tout a déjà été fait ?
Non, on essaye pour améliorer. Si ça ne va pas, on change de race. Si on en a une, on cherche encore une meilleure. Il faut des années pour être au top ! Il vaut mieux 2-3 bons que 15 mauvais. Y en a qui ont 500 pigeons, ça je ne veux pas. C'est le succès du pigeon qu'il faut trouver.

Interview et photos © Lili Sygta 2011





mercredi 19 février 2014

« Je ne l'ai jamais rencontré non plus »


Août 2013 - 4e édition du Micro Festival à Liège, organisé par le collectif JauneOrange. L'occasion de gentiment se frotter à Frank Shinobi...




Qu'est-ce que ça vous fait de jouer à Liège au Micro Festival ?
Greg : On cherchait à faire tourner notre nouveau set. On a joué à Mouscron au Century Festival et une date chez Madame Moustache à Bruxelles.
Franky : C'est le cadre idéal, avec les amis ! L'affiche est cohérente, il fait beau ! On aimerait que ce genre de moments ne s'arrête jamais!

Quels sont vos liens avec JauneOrange ?
Greg : Respect mutuel et entraide. Frank Shinobi est un groupe du collectif Honest House dont je m'occupe avec Franky. JauneOrange est un autre collectif, on se croise souvent.
Franky : Moi je les connais presque tous, on répétait avec leurs groupes dans le même local. Au Micro Festival, je suis bénévole depuis le début. Avec ces gens qui se bougent le cul à organiser des concerts, il y a quelque chose qui passe. On a la même sensibilité par rapport à la musique.

Vous avez organisé les quatre éditions Honest Rock Festival à Visé il y a quelques années, comment ça s'est passé ?
[ndlr trois des quatre membres ont suivi leur scolarité à Visé, mais ils se définissent aujourd'hui tous comme Liégeois]
Greg : Le centre culturel des Tréteaux est une chouette infrastructure... Mais ça n'a pas accroché niveau public, on était dans une niche du rock alternatif trop poussée pour que ça fonctionne. En même temps, il y a le Rhâââ Lovely Festival à Fernelmont, qui est encore plus poussé et a très bien marché, donc on ne sait pas toujours expliquer. Ils ont démarré difficilement, puis c'était complet chaque année avec 600 personnes. Ce que nous voulions atteindre mais on n'a jamais dépassé le quart.
Franky : Pour une affiche de six-sept groupes de qualité quand même ! Ca demandait beaucoup d'investissement pour peu de retour au niveau du public. Quand on pense qu'on fait un chouette festival dans une région comme Visé où il n'y a pas beaucoup de trucs musicaux ! On était tous d'accord dans Honest House pour ne pas revivre ce genre de moments de stress. Faut savoir trouver son rythme. On préfère ne pas voir trop grand, rester à notre niveau. On est déjà très contents !

Si c'était à refaire, que changeriez vous ?
Greg : Trouver plus de moyens de promotion. Pour la plupart, on travaille, Honest House reste une occupation sur le côté, qu'on essaye de faire de manière la plus professionnelle possible. On ne sait pas y mettre beaucoup de moyens financiers ni de temps.

Comment va se passer la production de ce second album ? Sur le premier vous aviez un producteur américain, Jay Pellicci.
Franky : On a prévu d'aller à contresens du premier album et de prendre le temps. La dernière fois, le délai était très restreint entre l'enregistrement et le mixage. On a décidé cette fois-ci d'enregistrer à notre local de répétition. C'est un ami, Jean-François Tasiaux, qui l'a construit; il a un projet culturel derrière tout cela, avec salle de concerts et café. On va travailler avec des ingé son qu'on connaît, comme Julien Conti et Matt Cha.





Frank Shinobi, qui est-il ? On a l'impression que l'identité est floue et que c'est voulu de votre part...
Greg : Exactement, t'as tout compris.
Franky : On s'est fait toute une imagerie autour de ce personnage qu'on met en scène dans nos chansons. Faut entretenir le mystère ; c'est plus un délire entre copains !

Comment le reconnaître si on le croise en rue ?
Franky : Ha ha ha ! Mais il n'a pas de visage, on ne le reconnaîtra pas ! Il est grand, il se déplace rapidement [pas très convaincu]. Non je ne saurais pas te dire franchement, je ne l'ai jamais rencontré non plus.

Quel est l'intérêt artistique si l'identité n'est pas définie ?
Greg : C'est un personnage imaginaire qu'on a pondu comme ça. C'était une période où on était fort dans la lecture de bandes dessinées. La BD qui s'appelle « Le Chant des Stryges  » de Corbeyran et Guérineau a permis de développer l'univers de Frank Shinobi, un héros un peu mystérieux, peut-être un ninja, mais on ne sait pas vraiment. 

Quels sont les retours que vous avez du public ou d'autres musiciens ou labels ?
Greg : Il y a d'une part les gens qui trouvent ça à part, torché mais écoutable ; il y a peut-être les gens qui ne comprennent pas notre musique. Finalement il me semble qu'on a des retours positifs ; quand on cherche des concerts, c'est vite programmé.





Est-ce qu'une « performance rock'n'roll » se doit d'être sexy ?
Franky : Ce n'est pas notre but, je ne me suis jamais posé la question.
Greg : Il faut surtout que ce soit spontané et pas trop réfléchi. Se donner à fond sans compter, jouer pour son public, être en osmose tous les quatre.

Le groupe existe depuis 2005, comment allez-vous vous renouveler ?
Franky : Cet album va être plus énergique, plus abouti au niveau production, que ça nous corresponde mieux que l'album précédent.

A Visé, il n'y a pas grand chose culturellement à part quelques spectacles d'humour. Seriez-vous prêts à faire des concerts dînatoires ?
Greg : Non, [il sourit] mais je veux bien qu'on m'invite à manger.


Interview et photos (c) Lili Sygta 2013