lundi 19 janvier 2015

« John, I'm really not a drug dealer ! »


Interview of ALAN MAIR, bass player for The Only Ones and The Beatstalkers. 

Lili Sygta and Alan Mair in Camden Town


«When I first came from Scotland, the first place I came to was Camden Town. A music area, lots of venues, lots of bands started here, lots of rehearsal and recording studios... less now... It was a bit of everything in Camden Town, not reserved, very funky. Of course I liked the idea that you can always get something off a back of a lorry. Alternative things suit me very well.

« I joined The Only Ones in 1976. They had been together for six months, looking for a bass player. I had played a couple times with them and I wasn't convinced. And then I had a recording of “Out There In The Night”. I could really hear Peter's voice and hear the lyrics. I just thought this is high quality writing, this is really from the heart ! So what took me into The Only Ones was Peter's writing. Which remains the reason why I've got carrying on now, because the new album is Peter's songs, they are as strong as the older material.

Alan Mair, Mike Kellie, Peter Perrett and John Perry 

« The first two albums were very organic, very good sounds, I guess because they've stood the test of time. The following in these other countries that we probably didn't have in the 70's is growing enough for us to be visiting and playing there. It's a gift, that's Peter always says ! Seeing the road with The Only Ones ! It feels very privileged that the music lasted and the people hold it so dear ! The places where we played, amazing receptions ! They probably never thought they would ever see us, so !

« That's kind of strange all the countries that we had be going to since we have reformed like Japan, Norway, Sweden, France. We go to countries we didn't go to in the 70's ! In the 70's that was mainly America, Britain and Holland.

Peter Perrett,John Perry and Alan Mair in Japan © Yasuhiro Uemae

« Although we did some gigs in 1981, we really did break up in 1980 in the middle of the American Tour. I left, so I went to Peter [Perrett] and Zena's hotel room [band manager and Peter's wife]. I said I've had enough... too many drugs !

You did too many drugs ?
No, I didn't ! But the rest of the band were into heavier drugs, so..

You were the dealer, hé ! You can tell us now !
... John [Perry] used to say « come on, you're secretly a drug dealer, aren't you ? ». I was like « John, where do you get that from ? » ... Because I had a house ! Even two years later, he asked me again and I said « John, I'm really not a drug dealer ! »

What are you activities during your spare time ?
I still write, I still play and I still have a studio at home where I spend most of my time. So I still have the desire to do an album on my own as well apart from The Only Ones... I think that's a kind of romance with computers! Whenever you've got computers you become a bit lazy and start playing bass on keyboards ! That's a kind of addiction with the computer, but if you add music to it, you can sit for days and days doing music !

So you've got your own addiction !
Still writing and playing music, yeah, rather than drugs! (laughs)


                                                     © Lili Sygta 2009/2015


Click to listen to Alan Mair about The Only Ones, David Bowie and Freddie Mercury: 

Click to listen to Alan Mair about his sixties scottish band The Beatstalkers:


Click to listen to Peter Perrett, John Perry, Mike Kellie and Alan Mair - The Only Ones in Liege:

mercredi 14 janvier 2015

« Cette idée que les francs-tireurs allaient être embêtants »

Heure-le-Romain - Populations Martyres 

Exactions, pillages et incendies d'août 1914. Comédiens de troupes locales et figurants font revivre ce qu'ont subi les villageois.


Pourquoi une représentation à l'église d'Heure-le-Romain ?
André Pirson: La population y a été retranchée par les Allemands et menacée d'y être brûlée. Pour empêcher cela, le curé François Janssen et le frère du bourgmestre ont désiré parlementer avec un officier. Ils ont été tous les deux sortis de l'église et tués à coups de baïonnette et de fusil !
Francis De Look: On a amené aux gens de la paille pour dormir... et dans le fond de l'église une mitrailleuse... Le matin suivant tout le village brûlait, certains furent tués dans les maisons pillées. Vingt-sept morts à Heure. On a aussi repris des histoires passées aux alentours.


Camille Valoir et Anne-Marie Navette


André Pirson: A Hermalle il n'y a pas eu d'exactions, mais des menaces. Tandis qu'à Vivegnis, des civils ont péri. La population a été regroupée dans un champ entouré de mitrailleuses. Un Allemand avait été tué au sommet du Thier d'Oupeye et les Allemands disaient que des civils « francs-tireurs » avaient tiré. Un certain Monsieur Michel, un des directeurs de la Fabrique Nationale de Herstal, est intervenu auprès du major pour lui faire comprendre que c'étaient des soldats belges au pied du Thier d'Oupeye qui avaient tiré avant de s'enfuir. Les hommes ont pu retourner dans leur maison, celles qui ne brûlaient pas bien entendu, entourés de deux soldats allemands, pour remettre leurs armes.




Comment s'explique la barbarie des Allemands à ce moment là ?
André Pirson: Il y a trois choses. On avait mis en tête des soldats allemands que l'armée belge n'interviendrait pas ou très peu ; par contre qu'il fallait se méfier des francs-tireurs, donc des civils qui auraient tiré sur eux, comme en 1870 durant la guerre entre la France et la Prusse. Cette idée que les francs-tireurs allaient être embêtants.
La 2e chose, ils ne s'attendaient pas à la vaillance et à la résistance des troupes belges. Ça les a beaucoup énervés et fâchés, au point de donner plus de puissance à leur haine de la Belgique !
La 3e chose, leur peur était tellement grande qu'à l'entrée de certains villages, après avoir été arrêtés à droite et à gauche, ils pénétraient dans les maisons pour chercher des boissons alcoolisées. Donc ils buvaient beaucoup. Ils étaient souvent saoûls lors d'exactions. Si bien que quand ils entendaient un coup de feu, qui pouvait avoir été tiré par un des leurs, ils entraient en rage ! Et c'est à ce moment là qu'ils étaient le plus dangereux évidemment!

Quelles sont les traces qui restent de la guerre 14-18 à Heure-le-Romain ?
André Pirson: Suite à l'intervention du curé Janssen les Allemands se sont retirés sans mettre leurs menaces à exécution. Au niveau des bâtiments, on n'en voit plus la trace parce que les nombreuses maisons incendiées ont été reconstruites. Le nom des civils tués en août 14 est inscrit sur le Monument aux Martyres [croisement des rues Janssen et du Vivier]. Parmi eux, des enfants de cinq et neuf mois. Ce monument sert également pour 40-45, pour le côté militaire.

Salle comble, parcourue de fortes émotions.

Vous apportez vos connaissances historiques au spectacle.
Francis De Look: Pour pouvoir montrer ça aux gens il a fallu faire un scénario basé sur des récits ! Il fallait un fil ! Ceux qui savent écrire des textes ont repris nos résumés pour en faire pas une pièce, mais plusieurs tableaux.
André Pirson: Jean-Michel Charlier, Guy Lhoest et Geneviève Deghaye, membres de différentes troupes théâtrales d'Oupeye, ont créé le scénario à partir de notre documentation.
Noël Valoir (comédien)Je détiens d'une cousine des procès verbaux, des dépositions d'ancêtres interrogés par la police après la guerre. Je raconte le récit de mon grand-père Noël Valoir, blessé, et de son beau-père tué. Je n'ai connu que ma grand-mère aveugle, mais jusque cinq-six ans. Mes parents n'en parlaient pas devant moi, ils gardaient secret beaucoup ! A mon avis c'étaient des laides années pour eux...


Noël Valoir en costume de scène


Comment transmettre le devoir de mémoire aux jeunes ?
André Pirson: J'ai créé la Maison du Souvenir à Hermalle, avec l'aide d'anciens combattants et d'un ancien échevin. Nous y organisons la dixième exposition. Au rez-de-chaussée, la bataille de Liège en août 1914 ainsi que les exactions commises dans nos villages ; et au 1er étage la bataille des Ardennes, dont nous commémorons le 70e anniversaire.
Francis De Look: Assez bien d'écoles viennent visiter la Maison du Souvenir, nous avons de très bons guides. Certains vont dans les classes avec une maquette. Avec les « Territoires de la Mémoire » il y a un arrangement, ce qui amène des groupes à notre musée.
André Pirson: Francis est le webmaster de la Maison du Souvenir. Il l'alimente en texte et photos.
Francis De Look: J'ai aussi construit le site « Médecins de la Grande Guerre » avec le docteur Loodts. Ça a commencé drôlement... Mon arrière-arrière grand-père s'était engagé comme volontaire de guerre à 65 ans et j'avais cherché pour voir si on en parlait. Mes premiers pas alors sur internet!


André Pirson à l'église Saint Remy de Heure-le-Romain
                                                    
    Interviews et reportage photo © Lili Sygta (09/2014)



 © Francis De Look/Maison du Souvenir - Filmé par Marc Durieux